Travailler un double quart de travail : 5 conseils pour trouver l’équilibre en tant que mère enseignante
Auteure : Theresa Engel-Wood, translation by Aurelia Mir-Orefice and reviewed by Emilie Marceau Briggs
L’ironie que j’écris cet article ne m’échappe pas.
Je suis assise ici, avec un enfant malade endormi dans mes bras et j’essaie d’écrire cet article. Il est dû le 23 décembre, soit le dernier jour d’enseignement avant les vacances, sept jours après avoir terminé mes cours de maîtrise et deux jours avant Noël.
Les mères qui travaillent et le burnout ? Je suis une experte réservée.
Une étude menée en 2022 par la Fondation canadienne des Femmes a révélé que près de la moitié des mères qui travaillent souffrent de burnout, soit un état d’épuisement avancé[1] . Il est attribué au manque d’équilibre entre leurs responsabilités professionnelles et familiales. Près de 70 % d’entre elles affirment qu’elles font plus d’efforts que leur mari pour gérer les allées et venues de leurs enfants. En fin de compte, les mères ont deux emplois à temps plein : le premier est leur emploi rémunéré et le second est la prise en charge des enfants. De plus, le nombre d’heures de prise en charge des enfants est environ deux fois plus grand chez les mères que chez les pères. (Pour en savoir plus, consultez le site https://canadianwomen.org/fr/le-soulevement-des-meres/) “burnout, un terme anglais communément employé en français pour décrire un état d’épuisement avancé.”
Troublant ?
Oui.
Surprenant ?
Pas vraiment.
Depuis les années 1980, le message adressé aux femmes est que nous pouvons « tout avoir »; une carrière réussie, une maison bien rangée, un dîner sur la table, des enfants habillés à la mode (et propres), en plus de temps pour s’occuper des bébés malades, amener les enfants à leurs activités, faire du bénévolat à l’école et organiser des fêtes d’anniversaire extraordinaires. Une étude a révélé que les femmes qui ressentent la pression d’être « la mère parfaite » courent davantage le risque d’être atteinte de burnout à cause de leur anxiété accrue et aux efforts importants qu’elles investissent pour éviter de faire des erreurs en tant que mère (Meeussen et Van Laar, 2018).
Et les mamans enseignantes ? N’oubliez pas que vous devez (et voulez) également aimer et soutenir chacun de vos « enfants » à l’école. Vous êtes une psychologue, une infirmière, une médiatrice, une supportrice, une coach et une organisatrice d’événements sans formation, et vous êtes parfois réticente à jouer ses rôles.
« Après avoir déposé mon fils en pleurs à la garderie, je me suis retrouvée à réconforter un de mes élèves à l’école. Ne pas être là pour mon fils afin de pouvoir être là pour mes élèves, c’est difficile à concilier. » (Cheryl, enseignante de première année)
Quelle culpabilité maternelle !
Il y a aussi la culpabilité de l’enseignant, créée par le stress moral et la détresse. Est-ce que je passe suffisamment de temps à l’école pour préparer des activités intéressantes ? Est-ce que je décore ma salle de classe pour qu’elle soit accueillante et chaleureuse ? Est-ce que je fais tout ce que je peux pour aider mes élèves à réussir ?
« J’ai l’impression que la qualité de mon enseignement se mesure selon la quantité de temps et d’énergie que je consacre à mes élèves. Si je ne me donne pas à 100 %, cela signifie que je ne m’intéresse pas assez à eux. » (Karen, enseignante de 3e année)
Un collègue m’a dit : « Je ne sais pas comment tu fais tout ça ». Ma réponse a été : « Je ne le fais pas. »
Voici 5 conseils qui m’ont aidé à trouver un certain équilibre en tant que mère enseignante :
- Laissez l’école à l’école… et quittez l’école !
Il y aura toujours plus à faire. Il y aura toujours quelque chose que vous pourrez faire encore mieux. Alors, donnez votre maximum à l’école, mais laissez tout ça derrière vous quand vous rentrez à la maison. Je travaille pendant les récréations pour pouvoir partir plus tôt. Et quand je pars, mon cartable reste à l’école. De toute façon, je ne faisais que transporter le même matériel entre la maison et l’école. Assez ! Et je ne réponds plus aux e-mails le soir non plus !
2. La famille passe en premier, elle vous inclut !
Connaissez-vous le dicton attribué à Jet Li ? « Vous vous démenez pour un poste qui serait affiché en moins d’une semaine si vous mouriez, alors prenez soin de vous. » [Traduction libre] Cela semble insensible, mais c’est souvent la réalité. Vous êtes peut-être très apprécié au travail, mais vous êtes remplaçable. Votre famille est votre monde. Vous êtes le monde de votre famille. Faites en sorte qu’il en reste ainsi. Prenez le temps de créer des traditions, des souvenirs et de simplement profiter de la vie quotidienne. Trouvez des petits moments pour répondre à vos besoins aussi. J’ai seulement commencé à accepter que si je ne peux pas faire ma course de 10 km tous les jours, je peux très bien m’accorder une demi-heure tous les quelques jours. Plus tard, je pourrai consacrer plus de temps à moi-même, mais, pour le moment, un peu de temps chaque jour fera beaucoup de bien.
3. Apprenez à dire non.
Les enseignants sont généreux. Ils veulent aider les élèves à réussir. On vous demande de vous joindre à un comité, d’encadrer des activités parascolaires ou d’entreprendre un nouveau projet, et il est difficile de dire non lorsque c’est au profit d’autres personnes qui vous sont chères. Le problème, c’est que lorsque vous vous investissez davantage, quelque chose doit céder.
Les éducateurs sont très doués pour apprendre à leurs élèves à établir des limites saines, mais ils sont plutôt mauvais pour se les imposer à eux-mêmes. Vous n’êtes pas un égoïste ou un mauvais joueur d’équipe si vous dites non. Vous êtes une personne qui se soucie de sa santé, de sa vie familiale et de sa qualité de vie, et vous prenez vos décisions pour vous protéger. Personne d’autre ne le fera à votre place.
4. Laissez tomber.
Oui, vous avez prouvé que vous étiez un maître de la jonglerie, mais vous n’êtes pas obligé de l’être; laissez tomber les balles de temps à autre. Peut-être que le jour des cheveux fous, votre enfant n’aura pas la coiffure personnalisée que vous aviez prévue. Peut-être que ce n’est pas le bon moment pour vous présenter au conseil des parents. Décidez quelles balles s’abimeront si vous les laissez tomber et lesquelles sont plus susceptibles de rebondir ou de rouler sur le côté. Enfin, passez donc de six à trois balles dorénavant.
5. Travaillez plus intelligemment, et non péniblement !
Je suis devenue très douée pour déterminer ce qui est crucial, ce qui est superflu et ce qui permet d’obtenir le maximum de bénéfice en échange du minimum d’énergie. Récemment, j’ai organisé une journée sur le thème du pain d’épice pour ma classe. Des dons de biscuits et de matériel de décoration, des activités gratuites et sans préparation, et un élève plus âgé pour guider les activités de la journée (et aider au nettoyage) étaient essentiels. Mon travail ? Oui, j’ai tout planifié – pendant les récréations, je m’empresse de préciser, mais mon objectif pour la journée était d’être avec mes élèves et de déguster chaque moment. C’était une journée amusante et peu stressante, et j’ai quitté l’école sans me sentir épuisée ou nerveuse.
Vous n’êtes pas sûre si vous êtes en situation de burnout en tant que mère, évaluez votre état de santé sur burnoutparental.com. Cet outil est basé sur la recherche de ses créateurs, Roskam et coll. (2018). Vos résultats comprendront des moyens pratiques pour mieux comprendre et gérer votre santé mentale, vous aidant à revenir là où vous voulez être.